Le territoire est constitué d'une multiplicité de sens organisés à travers une multiplicité de niveaux, avec un niveau visible, qui correspond aux formes apparentes du territoire – places, rues, quartiers, jardins, montagnes — et une multiplicité de niveaux invisibles, ceux-ci correspondant à des parcours urbains, des manifestations publiques, des morphologies territoriales, parmi tant d'autres activités qui rendent visibles des forces sociales, culturelles, symboliques et physiques.
Dans ma réflexion précédente j'ai identifié les formes territoriales, les formes socioculturelles et les formes symboliques, et je montre maintenant qu'elles correspondent à une épaisseur de sens.
Du point de vue de la genèse de la forme (morphogenèse), cette épaisseur de sens, est une topologie qui se déploie dans le temps, elle n'est pas conçue ni planifiée par personne, mais par une mémoire collective qui traverse les générations.
Regardons trois « niveaux » de cette « épaisseur de sens » que nous considérons comme structurante du territoire et de l'urbanité :
1. Les formes symboliques sont considérées comme le niveau le plus profond, il s’agit de notre identité collective, qui est concrètement explicitée par certains monuments que nous percevons comme étant hautement symboliques.
C'est le cas de la cathédrale Notre-Dame, à Paris, ou du château São Jorge, à Lisbonne, deux lieux symboliques car les activités religieuses, dans le cas de la cathédrale, ou politiques, dans le cas du château, étaient associées à ces lieux pendant de nombreux siècles, et dans le cas de ces deux exemples, pendant des dizaines de siècles.
2. Les formes socioculturelles sont considérées comme le niveau intermédiaire, qui est également invisible. Ce sont des activités collectives qui s'expliquent concrètement par des places ou par des grands axes urbains auxquels nous associons des valeurs sociales et culturelles.
On peut citer l'Avenue des Champs Elysées, à Paris, et l'Avenue de la Liberté, à Lisbonne, comme exemples de formes socioculturelles qui relient des lieux symboliques. Celles-ci sont associées à des activités commerciales depuis plus d'un siècle.
3. Les formes territoriales sont considérées comme le niveau d'expression visible, dans ce cas, la ville. Le niveau visible de l'espace nous permet d'accéder aux autres niveaux à travers des dynamiques sous-jacentes ou latentes à l'espace urbain.
Source: © 2021 by Isabel Marcos | La morphogenèse est un processus global de stratification spatio-temporel
Les différents niveaux superposés nous donnent accès à l'identité par les dynamiques profondes au territoire et de son urbanité.
Par exemple, en tant que touristes, nous visitons des lieux intensément symboliques, ou auxquels nous connectons des valeurs d'intérêt historique, social, culturel ou simplement architectural.
Il me semble sue les formes symboliques et les formes socioculturelles soient si proches qu’il est difficile de les categoriser. Elles apparaissent plutot comme des entités complémentaires. En revanche n’y aurait-il pas un autre parametre à mettre en exergue qui pourrait etre celui de l’usage?