
J'ai présenté quelques notions sur la théorie sémiotique dans mes publications précédentes. Cette théorie est devenue le fondement de mon travail de chercheur dès les premières étapes de ma formation d'architecte.
J’étais à l’avant dernière année de mes études d’architecture (à la Faculté d’architecture de l’Université de Lisbonne) quand je me suis rendu compte de l’inexistence d’outils de lecture interdisciplinaire du lieu d’intervention architecturale.
A l'époque, je savais déjà que pour créer un concept d'espace, capable de répondre aux grands défis sociétaux, respectant notre mémoire collective, j'avais besoin d'outils pour le lire !
Cette prise de conscience m'a conduit à des lectures de plusieurs auteurs, et c'est ainsi que j'ai connu la pensée de Michel de Certeau. Cette rencontre a eu un grand impact sur moi, cela m'a semblé comme une lumière au bout du sombre couloir de l'ignorance. C'est à travers cet auteur que j'ai entendu parler de la sémiotique comme d'un ensemble d'outils interdisciplinaires qui permettent de lire l'espace et de lui redonner du sens.
En 1989, je suis allé à Paris rencontrer le fondateur de l'Ecole de Sémiotique de Paris, le linguiste Algirdas Julien Greimas, et j'ai travaillé avec ses collaborateurs à l'Ecole d'Architecture de Paris-la-Villette. La linguistique revisitée à travers la sémiotique m'a semblé le moyen essentiel pour « créer une grammaire de l'espace », afin de pouvoir le lire et pouvoir redonner du sens à l’espace.
Mais cette école de sémiotique, bien qu'intéressante, n'a pas répondu à mes questions. J'ai compris alors que l'espace est fait de dynamiques internes qui s'expriment dans les formes apparentes du territoire.
C'est à Paris, en 1990, que j'ai rencontré Per Aage Brandt, Prix de Philosophie de l'Académie Française et l'un des grands pionniers de la sémiotique dynamique.
J'ai déménagé au Danemark en 1992 et à cette époque, j'ai eu l'une des conversations les plus importantes sur la morphogenèse urbaine avec René Thom, médaille Fields en mathématiques et fondateur de la sémiotique dynamique.
La sémiotique dynamique m'a permis d'étudier la morphogenèse et la sémiogenèse territoriales, à l'aide des exemples de Lisbonne, Paris, Montréal, Québec, Londres, Marseille et Macao ; ainsi que d'étudier la morphogenèse architecturale du travail d'autres architectes, tels que Jean Nouvel, Jean-Marie Duthilleul, Rem Koolhaas, Frank Gehry, entre autres.
C'est alors qu'a commencé un long chemin de recherche et de collaborations structurées autour de l'échange d'idées avec des chercheurs que j'ai rencontré, tels qu'Albert Levy, Manar Hammad, Michel Serres, Gilles Ritchot, Wolfgang Wildgen, pour n'en citer que quelques-uns ; et les villes du monde que j'ai eu l'occasion d'explorer, où j'ai pu comparer les outils que j'ai construit pour analyser la nature interdisciplinaire du territoire et rendre visible les différentes phases de la conception architecturale.
J’ai senti l’importance de vous livrer les résultats obtenus sur 30 ans de mon activité de chercheur dans le domaine de la sémiotique de l’espace, c’est la raison pour laquelle j'ai décidé d'amorcer ce processus en écrivant un blog sur la morphogenèse territoriale.
À suivre...
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